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MUSEES, CHEFFERIES TRADITIONNELLES DU CAMEROUN & COOPERATION SUISSE

  • Debangoua
  • 23 sept.
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 oct.


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Collaborating Swiss Museums & Institutions Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Office fédéral de la Culture (BAK) Bern History Museum (BHM) Musée Cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne (MCAH) Musée d’ethnographie de Genève (MEG) Musée d’ethnographie de la Ville de Neuchâtel (MEN) Museum der Kulturen Basel (MKB) Museum Rietberg (MRZ) Völkerkunde?museum der Universität Zürich (VMZ)



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Hier assis et diminués sur leurs propres richesses, éloignés du monde de la coopération et du développement économique, les chefs traditionnels s’engagent dans les forums nationaux et internationaux et revendiquent une entière participation aux grandes questions contemporaines et pluridisciplinaires qui sont au cœur des débats de société, tels que le développement durable, l’éducation, le traitement et l’avenir des biens culturels issus de contextes coloniaux.



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L’actualité mondiale dominée par certains disfonctionnements, à l’instar de celui de la migration massive de la jeunesse africaine vers l’occident, la multiplication des extrémismes sur fond de violences sont là pour nous rappeler que le développement de certains peuples ne peut plus être envisagé et conduit aux dépenses des autres. L’éthique, l’équité, et surtout le dialogue interculturel doivent être désormais au centre de la coopération au développement. Dans cette perspective d’un développement mondial plus équitable, il est question pour l’Afrique dans sa dynamique de l’émergence de repenser le développement en partant de son essence culturelle dont les autorités traditionnelles en sont les symboles vivants et les garants.





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Au contraire d'autres états européens comme la France, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne, la Suisse n'a jamais eu de colonies. Cependant les recherches montrent que les suisses ont participé individuellement à l'entreprise coloniale au Cameroun en s'engageant dans des corps armés, diplomatiques et commerciaux des puissances coloniales européennes ainsi que dans des missions d'évangélisation. Les études suggèrent également que cette participation individuelle a profité au pays non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan scientifique. Des chercheurs en anthropologie, archéologie, botanique, géologie et zoologie qui ont travaillé sur les territoires du Cameroun ont emportés avec eux des biens culturels qui constituent aujourd'hui des collections muséales.




Le traitement et l’avenir de ces collections constituent un défi à relever. La Suisse est par conséquent elle aussi amenée à se demander comment traiter ces objets. Dans son Message du 26 février 2020, concernant l'encouragement de la culture pour la période 2021 à 2024, le gouvernement fédéral a souligné l'importance d'un traitement juridiquement et éthiquement responsable du patrimoine culturel, notamment pour ce qui touche les biens culturels issus de contextes coloniaux et prévoit à cet effet des mesures appropriées. Le traitement et l’avenir des biens culturels camerounais en Suisse est donc au centre de l'intérêt scientifique d'un grand nombre de spécialistes dans les universités, les musées et la diaspora. Il est bien entendu que pour une profonde compréhension de ce patrimoine, la connaissance du contexte culturel dans lequel il fut créé est indispensable. Pour le réseau des musées suisses, cet échange de connaissances ouvre des possibilités considérables de décoloniser leurs pratiques, de reconstituer l'origine des collections, d'enrichir leur documentation et de déterminer la valeur culturelle que les communautés d'origine attribuent au bien culturel.



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Notre approche de collaboration avec les chefferies traditionnelles pour un dialogue avec la Suisse a été très bien accueillie par l’Ambassade de Suisse au Cameroun. S. E.  Madame Natalie Kohli, l’Ambassadrice pense elle aussi que la prise de contact avec les représentants des communautés, les familles royales, permet de reconnecter le patrimoine à ses origines et s’est toujours montrée très engagée et extrêmement dévouée dans cette collaboration avec les chefferies traditionnelles, les musées et l’Office fédéral de la culture. Sa vision de la diplomatie culturelle, son engagement pour la culture, l’art contemporain, la coopération et bien d’autre causes sont une source d’inspiration qui a marqué le début du dialogue Suisse-Cameroun en Novembre 2024 avec la visite des musées, l’organisation des ateliers et colloques, des rencontres institutionnelles, le soutien de l’Ambassade à la création artistique, parrainages, audiences et dialogue des cultures à l’Ambassade de Suisse à Yaoundé …


Dans le cadre de cette initiative, 7 musées suisses se sont regroupés en réseau depuis le afin de collaborer avec le Cameroun : Musée d'histoire de Berne, Musée d'ethnographie de Genève, Musée d'ethnographie de la ville de Neuchâtel, Musée d'archéologie et d'histoire de Lausanne, Museum der Kulturen Basel à Bâle, Museum Rietberg à Zurich, Völlkunde Museum de l'Université de Zurich).



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Le premier dialogue, qui s'est tenu en Suisse du 11 au 15 novembre 2024 et auquel a participé une délégation camerounaise composée de scientifiques, de chefs traditionnels et d'experts en patrimoine culturel, ainsi que des représentants de l'Ambassade du Cameroun à Berne pourrait constituer l’une des premières étapes l d'une nouvelle coopération multi institutionnelle autour des collections camerounaises à l'étranger et donner une impulsion intellectuelle et créative. Il pourrait également constituer une bonne base pour la mise en place de projets de coopération visant à documenter et à étudier les collections ainsi qu’à façonner leur avenir. L’un des objectifs du dialogue Suisse- Cameroun est d'échanger les bonnes pratiques en matière de recherche et de la coopération muséale, de discuter du traitement et de l'avenir des biens culturels camerounais dans les musées suisses et du rôle que les guides traditionnels et les organisations de la société civile peuvent jouer dans ce contexte. D'autre part, de nouvelles possibilités de collaboration ont été envisagées, telles que la création de groupes de travail sur des thèmes spécifiques,la mise en place d'un programme de recherche de provenance avec les possibilités de stages ou de bourses aux chercheurs et professionnels du patrimoine. D'autres points de réflexion ont été abordés tels que l’art contemporain dans la dynamique de coopération, la lutte contre le trafic illicite des biens culturels, la préservation du patrimoine et la restitution .




Les échanges et travaux avec nos partenaires suisses posent la première pierre d'une réflexion qui devrait déboucher sur la première phase d'un programme de coopération de trois ans, dont les objectifs sont les suivants :


- Construire un dialogue sur l'identité, le statut et l'origine des objets, mais aussi sur leur conservation et leur exposition, en vue d'une future coopération scientifique et éthique.

 

- Établir un dialogue sur le traitement et l'avenir des collections du Cameroun.

 

- Établir des contacts entre les communautés sources, les chefferies traditionnelles, les représentants du gouvernement camerounais et les musées en Suisse.

 

- Discuter des formes possibles de coopération en ce qui concerne les biens culturels camerounais dans les musées suisses (recherche de provenance, stages, expositions communes, publications...).

 

- Mettre en place un secrétariat permanent afin de coordonner les différentes missions et activités




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Compte tenu  de la demande croissante de notre expertise et  de nombreuses sollicitations émanant  des de communautés, du comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels, gouvernements, institutions culturelles, chefs traditionnels, organisations de la société civile,  représentations diplomatiques, il est important pour le succès  de cette coopération bilatérale pour l'avenir des biens culturels camerounais de passer de cette approche bénévole à une coordination des échanges et des activités avec une responsabilité partagée avec d’autres pays européens qui abritent des collections camerounaises. Il est donc nécessaire de créer un point de contact au Cameroun qui peut servir de Bureau de la représentation de la société civile au comité interministériel chargé de la restitution des biens culturels illégalement exportés à l’étranger. Un secrétariat, qui pourrait prendre la forme d'un espace culturel, pourrait servir d'interface entre les musées et les communautés d’origines en contribuant à maintenir les contacts et en participant aux groupes de travail du réseau des musées, aux conférences, colloques et ateliers sur les questions relatives au patrimoine camerounais en Europe.






Il pourrait également soumettre des propositions pour l'élaboration de positions sur les questions de restitution, de coopération et de recherche. En outre, le point de contact  peut avoir les tâches suivantes :


- Faciliter la mise en œuvre des activités du Comité dans les pays européens qui possèdent des biens culturels camerounais.

- Soumettre des propositions visant à garantir une représentation et une participation adéquates des organisations de la société civile aux réunions et autres activités liées à la restitution, à la médiation ou à la coopération.

- Coopération avec les institutions, les Missions diplomatiques avec les missions diplomatiques et participation à l'organisation et la coordination des visites d’échanges et de travail.

- Conseil et fourniture d’informations pour la planification et le développement d'activités visant à mettre en œuvre les activités du comité à l’étranger, le cas échéant en facilitant l’accès aux données et aux informations.

- Facilitations des voyages de recherche et de coopération au Cameroun.

- Promotion d’une campagne d’information, de sensibilisation du public sur la nature, l’ampleur et la portée réelles du problème de la restitution ou du retour de biens culturels par des expositions, des rencontres artistes, des publications, des ateliers et colloques…

Cette recommandation est également le fruit de notre collaboration avec les musées suisses, allemands, français, belges et d'une très large consultation auprès des chefs traditionnels, des organisations de la société civile, d'échanges et de travaux avec le Comité Interministériel,les communautés, les artistes contemporains, les chercheurs.




En effet, un bien culturel est indissociablement lié aux traditions culturelles et à l’histoire du pays qui l’a crée. Il est un signe visible par lequel une population peut s’identifier à une culture et mieux comprendre son histoire et son présent. Le bien culturel, en plus d’être le témoin de son temps et d’une époque, est une pièce unique et surtout irremplaçable. Aussi, c’est la raison pour laquelle les chefferies traditionnelles considèrent unanimement que la question de retour des biens culturels emportés pendant la colonisation est un élément primordial de l’identité nationale et que tous les peuples ont le droit de disposer des objets qui sont les témoins irremplaçables de leur héritage.

Mais il est important de le rappeler, Il est en effet hors de propos que la politique de restitution des biens culturels conduise à la « disparition » des coopérations culturelles et muséales qui existent déjà et que nous envisageons de développer – lequel joue un rôle indispensable dans la science, la recherche de provenance et la diffusion de la culture. D’ailleurs, les chefs traditionnels n’ont pas l’intention de réclamer la totalité des oeuvres culturelles disséminées dans les grands musées occidentaux car ces œuvres d’art sont aussi des ambassadrices culturelles permanentes, des fenêtres ouvertes sur la culture de notre pays, des témoins et des reflets de nos coutumes et traditions.



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de Bangoua
Legrand Tchatchouang

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