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« J'ai eu la chance d'avoir des parents et des grands-parents qui savaient très bien qui ils étaient et qui avaient confiance en leur culture. Ils savaient que l'on peut exister dans le monde moderne tout en portant ses racines et sa culture en soi“

Nommé le 1er février 2023 représentant de la société civile au sein du comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels camerounais, après avoir reçu une bourse du gouvernement camerounais en 2009 pour poursuivre ses études en France, le prince Bangoua Legrand Tchatchouang est le promoteur de Kamerun Haus. Il assure l'interface entre le comité interministériel et les musées européens qui abritent des collections camerounaises. Dans ses activités de lobbying, de médiation et de conseil auprès des gouvernements, il se trouve constamment pris entre des intérêts divergents, tiraillé entre la nécessité de faire des compromis et celle de préserver son indépendance et sa distance critique. En tant que conseiller du Cameroun sur les questions de restitution au Humboldt Forum de Berlin, Bangoua Legrand Tchatchouang répond aux questions du Cameroon Tribune et de Mutations.

Dans le monde de l'art et de la culture, voire de la diplomatie culturelle, vous menez sans cesse de nouveaux projets. Vous êtes également très sollicité par des musées, des gouvernements, des communautés, des chefferies traditionnelles, des artistes... Quelles valeurs motivent cette multitude d'actions et comment celles-ci résonnent-elles avec la royauté que vous incarnez ?

Vous avez raison. Il s’agit pour moi à la fois d’une curiosité insatiable, d’une volonté absolue d’agir, et d’un attachement à la transmission et l’accessibilité des savoirs. Je suis de ceux qui considèrent qu’il est un devoir moral de partager. Ainsi, la royauté dont je suis issu  incarne beaucoup de valeurs qui me sont chères et qui donnent au rôle du prince  un sens profond. Si je devais en citer que quelques-unes, je parlerais avant tout du respect des autres, de la volonté de montrer l’exemple et de la transmission.

 

Mon parcours professionnel est intimement lié à ma volonté de contribuer à la promotion de l'image culturelle du Cameroun à l'étranger. Je suis venu en Suisse pour suivre une formation en conservation sous la supervision de Lorenz Homberger, responsable du département Afrique au musée Rietberg de Zurich. J'ai également reçu une bourse du gouvernement camerounais en 2009 pour me former en France.

Mon propre parcours vers l'intégration m'a appris à apprécier l'importance de l'ouverture aux autres pour réussir dans la vie, au-delà de toutes les différences. Suite à cette expérience, j'ai décidé de mettre mon expertise et mon réseau au service de la valorisation de notre patrimoine et du dialogue des cultures en créant Kamerun Haus.

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Qu'est-ce que la Kamerun Haus ?

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Kamerun Haus, comme son nom l'indique, est la Maison du Cameroun. Il s'agit d'une initiative née d'une vision et d'un engagement communs visant à promouvoir et à valoriser le patrimoine culturel et touristique du Cameroun à l'étranger, en particulier en Allemagne.

 

Notre mission repose sur l'organisation de semaines culturelles, de colloques, d'expositions, de rencontres-débats, de visites institutionnelles et de coopérations. Elle consiste également à mobiliser les acteurs publics et privés en faveur des relations économiques, culturelles et scientifiques entre le Cameroun et l'Allemagne.

Au départ, Kamerun Haus était un point central pour la représentation de la culture camerounaise en Allemagne. Cependant, son rôle a évolué avec la prise de conscience croissante et le débat mûrissant sur la restitution des œuvres issues de contextes coloniaux.

 

Cela nous a amenés à devenir de plus en plus un partenaire de discussion et, finalement, un partenaire de coopération pour les chercheurs, les musées, les chefferies traditionnelles, les organisations de la société civile, les institutions publiques et même les gouvernements.

Quelle vision de l’art et de la culture souhaitez-vous transmettre à travers Kamerun Haus  ? 

Je suis convaincu que l'art est un patrimoine collectif et un puissant vecteur d'éducation. La culture jette des ponts entre les peuples et facilite l'intégration sociale.

 

C'est de là que vient ma conviction : l'art n'a de valeur que s'il est accessible à tous. Cette aspiration se reflète dans toutes les activités de la Kamerun Haus, dont la mission est le dialogue, le partage et la transmission.

 

Dans les mois à venir, nous espérons ouvrir une résidence Kamerun Haus à Yaoundé, au Cameroun, qui servira également de bureau de représentation de la société civile au sein du comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels. Plusieurs associations et institutions soutiennent déjà cette idée.

 

Nous recherchons d'autres partenaires pour nous accompagner. Mais je tiens à souligner ici l'ambition du projet. Il s'agit à la fois de présenter une vision interculturelle de l'art et, surtout, de créer un pôle dynamique pour le développement artistique.

 

Je souhaite que le musée soit un lieu accueillant où les seniors et les jeunes de tous horizons sociaux puissent prendre plaisir à découvrir les collections, mais aussi participer à des ateliers, des spectacles d'arts du spectacle et des concerts de musique.

« Les conditions dans lesquelles nous passons notre enfance ne sont pas sans influence sur notre avenir ou notre destin. J’ai grandi avec un sens aigu de la dignité royale, élevé dans le respect des valeurs universelles. »

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Prince de Bangoua Legrand Tchatchouang. D'où vous vient cette passion pour l'art et le dialogue des cultures ?

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C'est à Bangoua que j'ai développé cette passion joyeuse et réconfortante. Réconfortante, car je sens aujourd'hui, 25 ans après la mort de mon père, que c'est ce qu'il aurait voulu que je fasse. Et quand la passion devient métier, on ne peut qu'être heureux.

 

Vous savez, les conditions dans lesquelles nous passons notre enfance ne sont pas sans influence sur notre avenir ou notre destin.

Je suis né et j'ai grandi dans un environnement politique et religieux. Au palais royal de Bangoua, qui est l'une des chefferies traditionnelles les plus importantes de la région de l'Ouest du Cameroun. Déjà là, on peut voir les premiers signes de ma prédestination.

 

 Fils d'un roi, j'ai été entouré tout au long de mon enfance d'œuvres d'art et de cérémonies rituelles, traditionnelles et spirituelles.  En bref, j'ai grandi avec un sens aigu de la dignité royale, élevé dans le respect des valeurs universelles.

 

 Il faut également rappeler que l'histoire de mes parents, l'histoire de mes grands-parents, leurs luttes, leurs relations conflictuelles ou amicales avec l'administration coloniale allemande ou française et la nouvelle république indépendante ont façonné ma sensibilité à l'histoire, à l'art et au dialogue des cultures. 

 

Après des débuts lents et difficiles, j'ai réussi à persévérer et à redoubler d'efforts.  Les résultats sont visibles et rassurants. Il est vrai que la crise sanitaire a affaibli notre élan et notre ambition d'étendre cette expérience à d'autres villes et capitales européennes.  Cependant, lorsque je repense à mon parcours, je peux être heureux et fier. Fier de ma contribution au développement de la diplomatie culturelle camerounaise. 

« Mon contrat avec le Musée ethnologique du Humboldt Forum porte sur une cause à laquelle je me consacre depuis plus de 20 ans, tant au niveau national qu'international : l'accès à la culture pour tous.»

Vous êtes également conseiller pour le Cameroun au Musée ethnologique du Humboldt Forum à Berlin sur les questions de coopération et de restitution.  En quoi consiste exactement votre rôle ?

Mon contrat avec le Musée ethnologique du Humboldt Forum porte sur une cause à laquelle je me consacre depuis plus de 20 ans, tant au niveau national qu'international : l'accès à la culture pour tous.

 

L'une de mes tâches ici consiste à aider le Musée ethnologique à répondre de différentes manières aux demandes culturelles des communautés, des chefferies traditionnelles, des chercheurs, des militants et de l'État camerounais.

 

Mon expertise en muséographie m'amène également à réaliser des inventaires au sein du musée, afin de déterminer les biens culturels, leurs catégories, leurs typologies et leurs valeurs.

 

Nous sommes bien conscients que les responsabilités qui incombent le musée ethnologique de Berlin, en ce temps de tensions et de crise identitaire, excèdent ainsi largement le champ de la mission traditionnelle de conservation et de recherche. Le public, les visiteurs attendent de ce musée, un passeur de mémoire, un producteur d’émotion. Et demain, davantage encore avec notre collaboration,sa vocation plurielle sera déterminante pour contribuer au dialogue entre les communautés et la diaspora, à l’éducation citoyenne, à la réconciliation, à la paix et à la coopération entre le Cameroun et l’Allemagne et ä la restitution.

 

Dans le cadre des discussions et des ateliers que nous avons eu ces trois dernières années avec les différents acteurs, nous sommes arrivés à plusieurs reprises à la conclusion qu'une mise en réseau des musées détenant les biens culturels camerounais est importante afin de développer collaborativement des solutions face aux défis et enjeux de la restitution.

 

 Nous avions eu notre première rencontre les 20 et 21 septembre 2022 ici même à Humboldt Forum en présence des représentants du ministère des affaires estrangères et du Ministère camerounais des arts et de la culture et de 05 directeurs de musées notamment le Prof. Lars christian Koch, le Prof. Babara plankeinsteiner, Dr. Uta Werlich, le Prof. Weike Ahnrdt, le Prof. Katja Lembke.   

 

La deuxième dialogue, organisé à l'initiative du Prof. Dr Ines de Catro du 14 au 16 janvier 2024 à Stuttgart, a poursuivi sur cette lancée et a réuni les 11 musées et 11 conservateurs des collections camerounaises, ainsi que des représentants politiques et des membres du comité interministériel. 

« Ma fonction au Comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels m’invite je le sais, à l’intégrité, à la transparence, à l’éthique et au patriotisme.»

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Vous avez été nommé membre du comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels camerounais illégalement exportés à l'étranger. Vous êtes membre de la commission chargée de la recherche de provenance, de la diplomatie et des négociations. Quelle est la position des musées allemands dans le débat sur la restitution des biens culturels ?

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Tout d'abord, je tiens à préciser que je participe à ce dialogue bilatéral en tant que facilitateur à la demande du gouvernement camerounais, de Son Excellence M. Mbindoung Mpatt, Ministre camerounais des Arts et de la Culture, qui m'a aimablement nommé le 1er février 2023 pour représenter la société civile au sein du comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels camerounais illégalement exportés à l'étranger.

C'est un rôle qui, je le sais, exige intégrité, transparence, éthique et patriotisme.

Comme vous l'avez vu, la question de la restitution des biens culturels issus du contexte colonial occupe une place importante dans l'actualité culturelle et politique allemande. Le sujet est fascinant en raison de la multitude de questions et de la diversité des défis qu'il soulève. Il s'agit d'un débat à la croisée du droit, de l'éthique, de la diplomatie et de la morale. Il place les musées au cœur de nombreuses tensions et les conduit naturellement à se repenser eux-mêmes et à repenser leurs relations avec les communautés, les chefferies traditionnelles et les organisations de la société civile, dont je suis le porte-parole au sein des instances décisionnelles.

Au cours des discussions et des ateliers avec les directeurs de musées et les institutions politiques culturelles, nous sommes arrivés à plusieurs reprises à la conclusion qu'il est important de mettre en réseau les musées détenant des biens culturels camerounais, afin de développer en collaboration avec le gouvernement du Cameroun, les communautés et les organisations de la société civile, des solutions aux défis et aux enjeux de la restitution.

 Nous n’avons pas pour ambition de demander aux musées de résoudre les problèmes de l’époque coloniale. Ce serait ambitieux.

Nous devons être capables de traiter des thématiques d’actualités, d’envisager le musée comme plateforme qui permet de parler du présent, les phénomènes sociaux contemporains. 

 

Le dialogue Cameroun-Allemagne que nous avons établi fournit un cadre de discussion qui permet une approche globale et coordonnée des questions administratives, juridiques, techniques, logistiques et financières liées au processus de restitution.

« Pour que le processus soit couronné de succès, il est essentiel que le Cameroun soit clair quant aux objectifs de la restitution. La restitution peut même être utilisée pour renforcer les relations entre le Cameroun et l'Allemagne. »

Y a-t-il des conditions que le Cameroun doit remplir pour que le processus soit couronné de succès et rapide ?

Les négociations doivent se concentrer sur une conclusion fructueuse plutôt que rapide. Pour que le processus soit couronné de succès, il est essentiel que le Cameroun soit clair quant aux objectifs de la restitution.

 

La restitution peut même être utilisée pour renforcer les relations entre le Cameroun et l'Allemagne. Il est important que le Cameroun se présente à la table des négociations avec confiance et une demande claire afin d'obtenir le meilleur résultat possible avec les représentants allemands.

 

Ce résultat peut également être obtenu rapidement si le gouvernement camerounais s'appuie sur des représentants de confiance qui sont des interlocuteurs crédibles, disposent du réseau nécessaire des deux côtés et jouissent de la confiance des communautés camerounaises et des interlocuteurs allemands.

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Quel est le cadre juridique applicable aux réclamations de restitution ?

Dans le contexte actuel du droit international, la restitution d’un bien culturel conservé dans un musée appartenant à l’état ou à une collectivité doit faire l’objet d’une loi spécifique.

 

Un impératif qui s’explique par le principe d’inaliénabilité du domaine public qui ne permet pas de sortir un bien des collections muséales. Les questions de restitutions des biens culturels camerounais doivent être discutées et négociées collectivement pour trouver des solutions à la base d’un dialogue.

 

Un dialogue qui commence d’abord entre le musée, les gouvernements des Landers et leurs parlements.

« La visite de la commission interministérielle en Allemagne a favorisé un esprit d'écoute et de bonne volonté et nous a permis de revisiter les pages oubliées ou cachées de notre histoire commune – une histoire sombre et douloureuse. »

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Vous avez accompagné trois missions du comité interministériel en Allemagne, où vous avez été reçu par les autorités politiques allemandes et le Ministère fédéral des Affaires étrangères. Quelle est la politique du gouvernement fédéral sur cette question ?

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La visite de la commission interministérielle en Allemagne a favorisé un esprit d'écoute et de bonne volonté et nous a permis de revisiter les pages oubliées ou cachées de notre histoire commune – une histoire sombre et douloureuse que nous avons tous, Camerounais et Allemands, jeunes et vieux, le droit de connaître, je crois. C'est cette vérité, ou transparence, qui servira de fondement à la réconciliation.

 

Nous tenons à remercier Mme Katja Keul, ministre fédérale des Affaires étrangères chargée de la politique culturelle internationale, pour sa collaboration, que nous apprécions évidemment beaucoup.

 

Malgré son emploi du temps chargé, la Ministre Katja Keul nous a déjà reçus trois fois en moins d'un an et ne se lasse pas de nous rappeler que l'Allemagne porte une responsabilité historique, politique et morale pour son passé colonial. Elle souligne également que ce passé commun peut servir de base à une nouvelle coopération.

 

Que ce soit à Stuttgart, Munich, Francfort, Cologne, Hanovre, Leipzig, Berlin, Hambourg ou Brême, les actions et les gestes politiques se multiplient et se succèdent, conduisant à une reconnaissance toujours plus grande de l'héritage colonial.

En tant que représentant de la société civile, avez-vous déjà réfléchi à ce qu'il adviendra de ce patrimoine lorsqu'il sera restitué au Cameroun à l'avenir ?

La question de la restitution doit être traitée par les deux gouvernements. Mes collègues de la commission et moi-même avons lancé un programme de missions d'experts et d'inventaire dans les musées allemands afin de recenser précisément les objets, mais aussi de déterminer leur catégorie, leur type et leur valeur. Ces missions fourniront des données essentielles qui seront certainement utiles aux deux États dans leurs politiques de construction d'installations d'accueil et de mieux cibler les communautés concernées.

 

 Je me réjouis que la commission ouvre progressivement des discussions inclusives avec les membres de la société civile, les communautés et les associations qui revendiquent les objets. Ce dialogue permettra de traiter la question de manière plus technique et consensuelle, en légitimant et en opérationnalisant le processus d'accueil.

 

En ce qui concerne la société civile, engager un débat avec elle sur la restitution permettrait de parvenir à un accord commun sur les conditions de restitution des objets identifiés. Le comité et le gouvernement doivent reconnaître le droit des communautés – à moins qu'elles n'y renoncent volontairement – de recevoir ces objets, qui sont importants pour leurs fonctions et leur légitimité dans les sociétés traditionnelles. Les questions de sécurité, de conservation et de contexte spirituel et religieux, qui ont considérablement évolué avec le déclin de l'animisme au profit du christianisme et de l'islam depuis la période des pillages jusqu'à aujourd'hui, doivent également être évaluées par l'État. En outre, les questions juridiques et réglementaires constituent une autre étape importante du processus de restitution. Parmi les problèmes à résoudre pour la restitution des œuvres figure celui de la formation du personnel chargé de la conservation. Nos musées doivent disposer d'un personnel formé et équipé pour entretenir les collections.

« Pour le réseau des musées suisses cet échange de connaissances ouvre des possibilités considérables de décoloniser leurs pratiques, de reconstituer l'origine des collections, d'enrichir sa documentation et de déterminer la valeur culturelle que lui attribue les communautés d'origines. »

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Vous êtes très présent en Suisse où vous avez un bureau de coopération et collaborer avec les musées. Comment évolue le dialogue Suisse- Cameroun concernant le traitement et l’avenir des biens culturels ?

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Le traitement et l’avenir des biens culturels camerounais  en Suisse  est au centre de l'intérêt scientifique d'un grand nombre de spécialistes dans les universités, les musées et la diaspora .

 

Les recherches  montrent que les Suisses ont participé individuellement à l'entreprise coloniale au Cameroun en s'engageant dans des corps armés, diplomatiques et commerciaux des puissances coloniales européennes ainsi que dans des missions d'évangélisation.

 

Les études suggèrent également que cette participation individuelle a profité au pays non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan scientifique. Des chercheurs en anthropologie, archéologie, botanique, géologie et zoologie qui ont travaillé  dans les territoires du Cameroun ont emportés des biens culturels qui constituent aujourd'hui des collections muséales.

Le  traitement et l’avenir de ces collections  sont  un défi à relever.  Il est bien entendu que pour une profonde compréhension de ce patrimoine, la connaissance du contexte culturel dans lequel il fut créé est indispensable.

 

Avec notre collaboration, 7 musées se sont mis en réseau depuis le mois de Mai 2024 pour bâtir un dialogue ouvert avec le Cameroun.il s’agit du Musée d’histoire de Berne, Musée d’ethnographie de Genève, Musée d’ethnographie de la ville de Neuchatel, Musée d’archéologie et d’histoire de Lausanne, Museum der Kulturen Basel à Bâle, Museum Rietberg à Zürich, Völlkunde Museum de l’université de Zürich. 

 

La prise de contact avec les représentants des communautés, les familles royales permet de reconnecter le bien culturel à ses origines. Pour le réseau des musées suisses cet échange de connaissances ouvre des possibilités considérables de décoloniser leurs pratiques, de  reconstituer l'origine des collections, d'enrichir sa documentation et de déterminer la valeur culturelle que lui attribue les communautés d'origines. 

Le premier dialogue, qui s'est tenu en Suisse du 11 au 15 novembre 2024, avec le soutien du Ministère des Arts et de la Culture et de l'Ambassade de Suisse au Cameroun et la présence d’une délégation du Cameroun composée des universitaires, des chefs traditionnels, des professionnels du patrimoine avait pour objectif de partager les bonnes pratiques en matière de recherche et de coopération muséales et de discuter du traitement et de l'avenir des biens culturels camerounais dans les musées suisses.

D'autre part, de nouvelles possibilités de collaboration ont été envisagées, telles que la création de groupes de travail sur des thèmes spécifiques ou à vocation régionale et la mise en place d'un programme d'échange (stages, bourses, résidence) pour les étudiants et les responsables de musées locaux. D'autres points de réflexion ont été abordés.

« Nous devons donc compter sur cette responsabilité conjointe et partagée, comprendre que, dans la diversité et parfois même dans la divergence, réside un formidable levier de créativité. Notre approche n’aura d’avenir que s’il fait ses preuves en la matière.»

Le 28 février 2025, s’est tenu au Musée Communautaire de la Chefferie Bapa, Région de l’Ouest-Cameroun, dans le cadre du Dialogue Suisse – Cameroun, un atelier sur le thème: Musées Chefferies traditionnelles du Cameroun, coopération Suisse. Comment la diversité culturelle du Cameroun et une approche basée sur la communauté pourraient être appliquées dans les futurs projets de recherche de provenance ainsi que dans les processus d’échange et de restitution ?

Cet atelier présidé   par S.E. Madame Natalie Kohli, Ambassadrice de Suisse au Cameroun  auquel  ont participé en présentiel et en ligne l’Office fédéral de la culture, le réseau des musées suisses, une vingtaine de chefs traditionnels, des experts et directeurs de musées communautaires, des artistes, des universitaires, des représentants du secteur du tourisme ainsi que le comité interministériel chargé du rapatriement des biens culturels camerounais fait suite à une visite de travail au Musée ethnographique de Genève, au musée der Kuluren Basel à Bâle, au Musée Rietgberg à Zurich du 04 au 10  Mai 2024.

 

Ces rencontres avec Dr. Carine Durand directrice du MEG, Floriane Morin, responsable des collections africaines, Dr. Anna Schmid, Directrice de Museum der Kulturen Basel, Ursula Regher responsable des collections Afrique, Dr. Michalea Oberhofer responsable des collections Afrique au  Musée Rietgberg et S.E. Leonard Henri Bindzi, l’Ambassadeur de Suisse au Cameroun, S.E. Natalie Kohli l’Ambassadrice de Suisse au Cameroun  en octobre / Novembre 2024, ont fait naître  l’idée d’une mise en réseau des musées suisses abritant les collections camerounaises pour un dialogue avec le Cameroun.

Il va sans dire que pour une compréhension mutuelle, la connaissance du contexte culturel dans lequel le patrimoine a été créé est indispensable.

Il n’est point de doute que la plupart des objets dans les Musées occidentaux viennent des Chefferies Traditionnelles. La prise de contact avec les représentants des communautés, des familles royales et de leurs Majestés, les Chefs traditionnels, vise à reconnecter ces biens culturels à leurs origines. Le partage de connaissances pourrait offrir aux Musées des possibilités considérables de décoloniser leurs pratiques, de reconstituer l'origine de leurs collections et de nouer de nouvelles collaborations pour le futur

L’atelier de Bapa pourrait être l’un des premiers jalons d’une nouvelle pratique collaborative durable autour des collections camerounaises en Suisse et à donner une impulsion intellectuelle et créative, une bonne base pour la mise en place des projets de coopération pour la documentation, l’étude des collections et la construction de leur avenir.

Nous devons donc compter sur cette responsabilité conjointe et partagée, comprendre que, dans la diversité et parfois même dans la divergence, réside un formidable levier de créativité. Notre approche n’aura d’avenir que s’il fait ses preuves en la matière.

Pour supporter les différences et mieux encore exploiter la créativité née de ces différences, nous avons besoin d’une politique culturelle extérieure.

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